Pour la première fois, un bébé phoque gris, une espèce protégée, est né sur l’île de Sein, située au large du Finistère. Cette naissance fin 2024, marque une étape significative dans l’expansion de cette espèce en mer d’Iroise.
Un blanchon découvert courant décembre
Un blanchon est le nom donné au bébé phoque gris (ou au phoque du Groenland) lorsqu’il est encore recouvert de son pelage blanc caractéristique. Ce duvet dense lui permet de conserver la chaleur durant ses premières semaines de vie.
Cependant, ce duvet n’est pas étanche, ce qui signifie que le blanchon reste principalement sur la terre ferme ou sur la banquise jusqu’à ce qu’il mue et acquière un pelage plus adapté à la vie en mer.
Dans le cas des phoques gris, comme celui qui est né sur l’île de Sein, le blanchon garde son pelage blanc environ 3 semaines. Ce duvet accompagne sa croissance pendant qu’il est encore nourri par le lait très riche de sa mère. Par la suite le bébé phoque doit être plus autonome et son pelage va adopter une couleur plus foncée.
Une population de phoques en augmentation régulière dans le Finistère
Selon Cécile Gicquel, chargée du patrimoine naturel au parc marin d’Iroise, il s’agit d’un mouvement migratoire depuis l’Irlande et l’Angleterre, régions du globe où ils sont très présents.
A force de saturation, les phoques seraient en quête de plus d’espace et de nourriture, d’où leur déplacement vers le sud. C’est la principale raison de l’augmentation de la population des phoques gris ces dernières années dans le Finistère.
Aujourd’hui, on compte environ 300 individus en hiver sur les côtes de Molène et 80 dans la Chaussée de Sein. Le flux migratoire de ces mammifères entraîne naturellement une augmentation des naissances, notent les agents du parc naturel marin.

Une espèce protégée – Un animal fragile à ne pas approcher
Un passé marqué par la chasse et la persécution
Le phoque gris (Halichoerus grypus) est une espèce protégée en France depuis 1972. La chasse, la pollution et les perturbations humaines ont mis à mal cet mammifère.
Bien que les populations européennes aient repris des couleurs depuis quelques dizaines d’années, les effectifs en France restent modestes. Ils sont concentrés principalement en Bretagne (île de Molène, île de Sein, etc.) et en Normandie (baie de Somme). Chaque naissance est donc précieuse pour assurer la survie de l’espèce.
Un statut légal protecteur
Le phoque gris est inscrit à l’annexe III de la Convention de Berne et bénéficie d’une protection totale en France. Il est interdit de :
- Le capturer, le tuer ou le perturber intentionnellement
- Détruire son habitat
- Transporter, commercialiser ou acheter un individu ou une partie de l’animal
Grâce à ces mesures, la population de phoques gris se rétablit progressivement. Voilà pourquoi les naissances comme celles observées sur l’île de Sein sont une belle victoire pour la biodiversité !
Une espèce au développement lent et fragile
Malgré ces bonnes nouvelles, le chemin est parsemé d’embûches pour le développement des blanchons. La mère abandonne son bébé 3 semaines environ après sa naissance. Cela donne lieu à une mortalité importante des blanchons les plus fragiles qui ne peuvent s’alimenter seuls.
Le taux de mortalité la première année peut s’élever à 60%. Malheureusement c’est le sort qui a frappé notre petit phoque né sur l’île de Sein. Malgré les soins prodigués au bébé au centre d’Océanopolis, il n’a pu être maintenu en vie.
Consignes pratiques pour tous les observateurs
La Compagnie BreizhGo Penn Ar Bed voit dans cette naissance un bel espoir pour le développement de cette espèce sur notre territoire. Nous souhaitons cependant rappeler aux voyageurs l’importance de respecter la faune locale.
Les agents du parc naturel marin appellent aussi à la prudence. Ils recommandent de ne pas approcher les jeunes phoques afin de ne pas perturber leur développement.
Voici quelques consignes à respecter si vous en apercevez :
- Ne faites pas de bruit
- Restez à distance du phoque (au moins 200 mètres) #observersansdanger
- Ne vous positionnez pas entre un phoque et le reste de son groupe
- Un phoque isolé n’est pas forcément perdu : il attend probablement sa mère
- Vous retrouvez un animal blessé ? Contactez le centre Pelagis ou Océanopolis