Une histoire peu banale a émergé de l’île d’Ouessant, au large de la Bretagne. Cet été, une famille insulaire a adopté un homard d’or, spécimen exceptionnel et véritable symbole de la biodiversité marine de cette région unique. Retour sur cette aventure insolite !
Un homard pas comme les autres
Tout commence pendant l’été 2024, lors d’une sortie de pêche près de la pointe de Pern. Jean-Denis et sa compagne Ondine Morin, tous deux habitants et pêcheurs à Ouessant remontent leurs casiers et constatent quelque chose de surprenant. C’est le moins que l’on puisse dire. En effet, un homard se distingue du reste de la prise : il est doté d’un coloris doré éblouissant. D’autre part, le comportement de ses semblables à son égard semble indiquer que ses congénères ressentent cette différence eux aussi.
Le couple décide alors d’isoler et d’accueillir le homard d’or dans un vivier de 600 litres, et prend contact avec des biologistes marins. Fort heureusement, les centres d’études des milieux marins ne manquent pas en région Bretagne avec notamment l’Ifremer, ou Océanopolis.
On peut dire que le couple a fait le bon choix. Cette couleur rare, due à une mutation génétique, est si exceptionnelle qu’elle se produirait dans moins d’un cas sur 30 millions de captures.
La communauté scientifique mobilisée jusqu’aux Etats-Unis
Dans l’attente d’un retour de la communauté scientifique, le homard d’or et sa nouvelle famille d’accueil patientent. C’est finalement en septembre que les choses avancent grâce à deux intervenants majeurs.
Un échange avec l’aquarium de Trégastel
Ondine Morin contacte l’aquarium de Trégastel (situé dans les Côtes d’Armor) qui dispose déjà de quelques spécimens de homards particuliers. La période de mue se rapprochant avec l’hiver, l’aquarium décide de s’occuper du crustacé ouessantin pendant cette transition. Branle-bas de combat, le décapode quitte alors l’île d’Ouessant par avion via la compagnie Finist’Air, direction l’aéroport de Brest-Guipavas.
L’aide du photographe Sylvain Bris
Ce photographe spécialisé à déjà capturé les couleurs de homards bleu électrique ou de homard albinos, il connaît son sujet et fait autorité dans le domaine. Il est d’ailleurs partenaire de la fondation Oceanopolis Acts qui œuvre pour la compréhension et la protection des océans. Sylvain Bris échange avec la famille Morin et accepte de venir récupérer le homard doré à l’aéroport pour le conduire directement à l’aquarium de Trégastel.
Une mue de homard d’or exceptionnelle à étudier
Il faut savoir que la croissance d’un homard se fait par palier grâce à une mue. Il s’agit d’une carapace qui se détache du corps et se reconstruit par la suite.
La mue a lieu deux fois par an et permet au crustacé de grandir de plusieurs centimètres. Cela explique qu’un homard grandisse tout au long de sa vie et puisse atteindre des tailles impressionnantes. La taille record constatée d’un homard est de 90 cm !
Notre spécimen ouessantin est un mâle de 555 g aux beaux reflets dorés dont la mue sera congelée et envoyée pour étude à l’Université du Maine aux Etats-Unis. Le crustacé y est depuis longtemps un symbole régional d’où la création sur place du Lobster Institute, sous-département de l’université d’Etat. La communauté scientifique sur place étudie les mutations génétiques et autres anomalies associées aux homards.
Le message d’Ouessant pour l’avenir
La décision de cette famille ouessantine rappelle que même les plus petits gestes peuvent avoir un grand impact. En choisissant de préserver un homard d’or plutôt que de céder à la tentation de le mettre dans une assiette, ils ont contribué à la compréhension de la faune des océans.
Après sa mue, ce homard sera transféré à l’aquarium d’Audierne dans le Finistère et continuera de vivre paisiblement et de grandir dans son bassin. Un bel exemple d’harmonie entre tradition insulaire et conscience écologique. Vous aussi vous pourrez lui rendre visite !
