Vous vous êtes sûrement déjà demandé à quoi correspondent toutes ces balises colorées le long du trajet qui vous emmène vers les îles de la mer d’Iroise. Comment les marins parviennent-ils à naviguer en toute sécurité en évitant les dangers invisibles sous la surface ?
La signalisation maritime est bien plus qu’un simple jeu de couleurs et de lumières. C’est un système complexe, une langue universelle parlée par les marins du monde entier.
Les balises, arborant des teintes vives et des formes spécifiques, sont des guides, indiquant les zones dangereuses, les bancs de sable, les récifs et autres obstacles.
1. Origines de la signalisation maritime
La signalisation maritime, sous différentes formes, existe depuis des siècles. Les premières balises utilisées pour la navigation maritime étaient des feux de bois allumés sur des collines ou des tours côtières, utilisés par les marins pour se repérer le long des côtes pendant la nuit. Ces feux étaient utilisés dès l’Antiquité, mais leur utilisation s’est répandue à grande échelle au cours du Moyen Âge en Europe.
L’une des premières avancées significatives dans la signalisation maritime a été l’invention du phare. Le phare d’Alexandrie, construit sur l’île de Pharos en Égypte vers 280 av. J.-C., serait selon la légende, l’un des premiers phares du monde. Au fil du temps, les phares se sont développés et ont évolué, passant des feux ouverts alimentés au bois ou à l’huile à des systèmes de lentilles et de lampes plus sophistiqués, augmentant ainsi leur portée et leur efficacité.
Aujourd’hui, la signalisation maritime moderne utilise des technologies avancées telles que les lampes LED, les systèmes de positionnement par satellite (GPS) et les systèmes de surveillance automatisée pour assurer la sécurité des navires en mer.
2. Les différents types de balises
Il existe plusieurs types de balises maritimes, chacune ayant une signification spécifique. Les marques cardinales indiquent où se trouvent les dangers majeurs (nord, sud, est ou ouest). Les balises latérales indiquent le côté du navire par rapport auquel elles doivent être contournées (babord ou tribord) et les marques spéciales signalent des zones particulières, telles que les zones de mouillage, les zones de plongée ou des dangers isolés.
Les balises cardinales délimitent les zones de danger
1. Cardinale Nord (N) :
- Une balise avec deux bandes horizontales blanches sur fond noir indique qu’il est sûr de passer au nord de la balise.
- La balise Nord a un feu blanc quasi-continu
2. Cardinale Est (E) :
- Une balise avec deux bandes verticales blanches sur fond noir indique qu’il est sûr de passer à l’est de la balise.
- La balise Est a un feu blanc à 3 éclats
3. Cardinale Sud (S) :
- Une balise avec trois bandes horizontales blanches sur fond noir indique qu’il est sûr de passer au sud de la balise.
- La balise Sud a un feu blanc à 6 éclats
4. Cardinale Ouest (O) :
- Une balise avec trois bandes verticales blanches sur fond noir indique qu’il est sûr de passer à l’ouest de la balise.
- La balise Ouest a un feu blanc à 9 éclats
Ces balises cardinales sont particulièrement utiles lorsque les marins s’approchent d’un danger important et doivent déterminer de quel côté ils doivent le contourner. Le système cardinal offre des indications claires et faciles à comprendre pour aider les navigateurs à éviter les obstacles et à naviguer en toute sécurité.
Les balises cardinales sont généralement accompagnées de feux scintillants ou de signaux sonores distinctifs pour améliorer leur visibilité, surtout la nuit ou par mauvais temps.
Quand le brouillard se lève on peut entendre le son de la corne de brume qu’émet le phare du Minou à l’entrée du goulet de Brest.
Le système latéral
Les marques latérales servent à baliser un chenal, une approche de la terre ferme. Leur voyant indique toujours de quel côté laisser la balise en rentrant ou en sortant du port.
1. Marque Tribord :
- Une balise tribord est une balise à laisser droite en entrant dans le chenal en venant du large.
- Elle est de couleur verte et porte un voyant conique au sommet
2. Marque Babord :
- Une balise babord est une balise à laisser à gauche en venant du large.
- Elle est de couleur rouge et arbore un voyant (une forme) cylindrique au sommet
Il existe un moyen mnémotechnique pour être sûr de ne pas se rappeler de ces marques : « UN TRICOT VERT ET DEUX BAS SI ROUGES »
UN chiffre impair, TRI comme tribord, CO surmonté d’un cône, VERT couleur de la bouée
DEUX chiffre pair, BAS comme bâbord, SI surmonté d’un cylindre, ROUGES couleur de la bouée
Les autres balises
La signalisation maritime prévoit quelques cas particuliers afin de naviguer en sécurité dans toutes les conditions.
Voici ce que signifient les balises pour « danger isolé », « eaux saines » et « marque spéciale ».
1. Danger isolé
- Une marque de danger isolé indique un rocher, un récif, une épave…
- Elle est généralement de couleur noire avec des bandes horizontales rouges pour améliorer sa visibilité.
- Deux boules constituent son voyant
2. Eaux saines
- Une balise d’eaux saines marque des eaux sûres, telles que des voies navigables profondes ou des zones sans dangers.
- Elle est de couleur rouge et blanc et est surmontée d’un voyant en forme de boule rouge.
3. Marque spéciale
- Une marque spéciale est utilisée pour des zones spécifiques. Zone d’exercice militaire, présence d’un câble, zone de dépôt de matériaux, zone réservée à la pêche…
- Elle est de couleur jaune surmontée d’une croix
Un vrai code de la route… maritime
Il existe bien sûr d’autres notions à maîtriser pour devenir un vrai marin, la lecture des cartes marines et la connaissance du code maritime international en font partie. En attendant cet article vous aura apporté les bases de la signalisation maritime, alors ouvrez bien l’oeil en quittant Brest ou Audierne lorsque vous vous rendrez sur les îles à bord de nos navires.