Le Phare de Kéréon, souvent surnommé « Le Palace des Mers » en raison de son intérieur luxueux, est un monument emblématique de la côte bretonne. Situé dans le détroit du Fromveur, entre l’île d’Ouessant et l’île de Molène, il se dresse fièrement sur le rocher de Men Tensel, veillant sur les navigateurs depuis plus d’un siècle.
Histoire et Construction
Au début du XXème siècle, la navigation de nuit dans le passage du Fromveur est encore très dangereuse. En effet, lorsque le courant marin et les vents s’opposent, la mer se creuse créant un véritable piège qui peut se refermer sur les marins les plus audacieux. On ne compte plus les navires qui vont s’échouer et disparaître sous les eaux.
Un ambitieux projet se met en place : baliser et sécuriser la voie située entre l’archipel de Molène et l’île d’Ouessant, grâce à plusieurs phares placés stratégiquement. Le phare de Kéréon sera bâti dans ce but.
Sa construction est autorisée en 1907 par la commission des phares.
La base du phare de Kéréon sera maçonnée sur l’écueil de Men-Tensel (en breton : le rocher hargneux). Les travaux débuteront véritablement en 1909 après deux ans de préparation du chantier.
C’est à ce moment qu’intervient un événement qui marquera à jamais l’histoire du phare.
Madame Lebaudy écrit une lettre au ministère des travaux publics. Elle propose un don de 585 000 francs d’époque, afin d’honorer la mémoire de son grand-oncle Charles Marie Le Dall de Kéréon.
Cette donation, qui représente plus de la moitié du coût de construction, contribue largement à l’édification du phare qui prend ainsi le nom de Kéréon.
Le premier allumage du feu de Kéréon date du 25 octobre 1916.
Un Phare Monument
C’est un chef-d’œuvre d’ingénierie et d’architecture. Sa structure cylindrique en granite s’élève à 38 mètres de hauteur au-dessus du niveau de la mer.
Contrairement à la plupart des phares, l’intérieur de Kéréon est somptueux.
Le don de madame Lebaudy a permis d’en faire un endroit luxueux. Il comporte des boiseries en chêne et en acajou, des parquets de marqueterie ainsi qu’une mosaïque dans la cage d’escalier.
Ce souci du détail et ce luxe inhabituel lui valent les surnom de « Palace des Mers » ou “Palace des Enfers”. On appelle un « enfer » un phare situé en pleine mer .
Fonctionnement et Vie au Phare
Pendant des décennies, des gardiens se relayaient pour entretenir le phare. Ces derniers avaient la tâche de veiller à son bon fonctionnement, assurant ainsi la sécurité des marins.
La vie sur ce rocher isolé était rude et exigeait une grande résilience. La mission du gardien consistait principalement à entretenir la structure et la lampe du phare. Pendant leur garde ils faisaient souvent face à des tempêtes violentes et à l’isolement.
Heureusement pour eux, les gardiens à Kéréon disposaient d’un confort exceptionnel pour un phare.
En 1972 a lieu une première phase d’automatisation du phare. C’est à ce moment que l’éclairage est relié à un réseau électrique généré par deux groupes électrogènes. L’installation d’une cellule permet le déclenchement de l’éclairage en fonction de la luminosité.
Depuis 2004, le phare est automatisé et ne nécessite plus de présence humaine constante. Cependant, il continue de jouer un rôle crucial dans la navigation maritime. Il continue de guider les navires à travers les eaux tumultueuses du Fromveur.
Un Patrimoine à Préserver
Le Phare de Kéréon est non seulement un outil de navigation essentiel, mais aussi un témoignage historique et architectural précieux. Sa préservation est primordiale. Dans un premier temps pour maintenir la mémoire des hommes et des femmes qui y ont consacré leur vie. Et dans un second temps pour continuer à assurer la sécurité en mer.
Des efforts sont régulièrement déployés pour entretenir et restaurer ce monument. Des travaux de rénovation ont été entrepris pour préserver sa structure et son intérieur unique. Les générations futures pourront ainsi découvrir ce joyau du patrimoine maritime français.
Depuis 2015 il se classe au patrimoine des monuments historiques de France. Plusieurs autres phares voisins seront d’ailleurs classés au même moment. Par exemple l’Ar-Men, le phare de la Vieille et la maison-phare de Tévennec.
En Bref
Le phare de Kéréon est bien plus qu’une simple balise maritime. C’est un symbole de l’ingéniosité humaine, de la ténacité et du patrimoine culturel de la Bretagne. Sa silhouette majestueuse continue d’inspirer et de fasciner. Elle rappelle à tous l’importance des phares dans l’histoire de la navigation et la nécessité de préserver ces sentinelles de la mer.
La Compagnie maritime Penn Ar Bed est fière d’être ambassadrice de la Route des Phares. A cet effet, nous proposons régulièrement des excursions à la découverte du phare de Kéréon. N’hésitez pas à vous renseigner cet été.
